La Direction des politiques et programmes d’éducation en langue française (DPPELF) du ministère de la Formation et des Collèges et Universités et du ministère de l’Éducation de l’Ontario invitait, en juillet 2013, les partenaires de la Politique d’aménagement linguistique (PAL) dans les établissements bilingues et francophones à développer une approche intégrée et concertée en matière d’apprentissage en ligne et d’apprentissage assisté par la technologie dans les établissements de langue française et bilingues de l’Ontario. La DPPELF rappelait l’objectif du gouvernement ontarien d’atteindre un taux d’obtention de titres postsecondaires de 70 % et, pour y arriver, la nécessité que le réseau d’enseignement supérieur soit « accessible au-delà de l’étudiant traditionnel, soit plus souple et plus accommodant à l’endroit des apprenants adultes et des étudiants potentiels issus des groupes qui n’accèdent pas facilement à l’enseignement supérieur. »
La DPPELF a retenu les services de Contact North | Contact Nord « afin de développer, en consultation avec le secteur d’éducation postsecondaire, un modèle intégré et une approche concertée en matière d’apprentissage en ligne dans les établissements postsecondaires de langue française et bilingues de l’Ontario. »
Première étape
Dans un premier temps, les partenaires de la PAL ont été invités, par lettre à la haute direction de chaque établissement, à participer à la démarche de consultation et à désigner une répondante ou un répondant. Une ronde d’entrevues téléphoniques suivit et permit de cerner des enjeux et des préoccupations initiales. Un gabarit de collecte d’information fut ensuite expédié à tous les établissements en novembre 2013, visant à :
- Faire un inventaire des initiatives en cours ou prévues en matière de l’apprentissage en ligne, en français;
- Estimer l’ampleur des investissements actuels;
- Recenser les capacités existantes au plan technologique et pédagogique;
- Identifier le bassin des ressources humaines spécialisées;
- Recenser l’offre actuelle de cours et de programmes;
- Dresser un profil des utilisateurs;
- Décrire les initiatives et innovations de l’établissement;
- Identifier ses champions et ses innovateurs ayant réussi;
- Connaitre les perspectives des leaders concernant l’apprentissage assisté par la technologie et de l’évolution de l’environnement concurrentiel;
- Comprendre leur positionnement et des défis actuels et anticipés.
Deuxième étape
Dans un deuxième temps, en janvier et février 2014, une rencontre en bilatérale avec chaque établissement fut organisée, in situ, dans le but de créer un instantané (« snapshot ») de l’évolution de l’apprentissage assisté par la technologie et de l’apprentissage en ligne, d’identifier les foyers d’innovation et de nouvelles initiatives, et souligner les points de confluence d’intérêts. Une fiche signalétique complétée suite à chaque entretien fut validée par l’établissement. Ces fiches signalétiques détaillées sont présentées dans un document d’accompagnement à ce rapport.
Troisième étape
Enfin, la tenue d’une session de travail le 28 février 2014 permit de présenter la synthèse du portrait d’ensemble et de partager l’ensemble des fiches signalétiques. Ce dialogue, regroupant tous les établissements partenaires de la PAL et les représentants de la DPPELF, valida les constats et identifia les facteurs de confluence et les conditions de succès d’une approche concertée en matière d’apprentissage en ligne dans les établissements postsecondaires de langue française et bilingues de l’Ontario.
La figure en page suivante présente les principales activités réalisées.
En toile de fond au dialogue, les éléments suivants ont été soulignés lors des consultations préliminaires :
- Les établissements postsecondaires sont inégaux de par leur historique, leur taille et les moyens dont ils disposent pour lancer de nouvelles initiatives. Cette disparité joue dans toute considération d’approche intégrée; elle implique une pression variable sur les ressources des partenaires et induit une crainte d’iniquité dans la relation. Cependant, tous les établissements ont de nombreuses expériences de coopération interinstitutionnelle au Canada comme à l’étranger.
- Les perturbations aux modèles financiers des établissements semblent inévitables et sont une source de préoccupation. Les établissements sont conscients de leur positionnement dans la communauté et dans le marché provincial, et sont conscients de celui des partenaires/concurrents. Le modèle d’affaires de l’apprentissage assisté par la technologie et l’apprentissage en ligne n’est pas encore entièrement démontré, en termes de formules de financement de la province, du déplacement de la clientèle ou des revenus générés.
- La collaboration part d’un point neutre. Il n’y a pas de besoin pressant et naturel pour nourrir la dynamique. Il n’y a pas, non plus, de péril imminent provenant soit d’une transformation révolutionnaire des processus d’enseignement ou d’apprentissage, soit de l’arrivée anticipée de nouveaux concurrents étrangers ou canadiens pour provoquer des alliances défensives.
- Les nombreuses initiatives lancées par le gouvernement provincial créent un « bruit statique » et provoquent un certain attentisme chez les établissements. Les échéanciers d’élaboration de propositions sont très serrés et n’encouragent pas la concertation profonde. Les enjeux francophones ne sont pas clairement identifiés dans ces initiatives.
- L’offre actuelle de programmes complets en français est minime, comparée à l’offre en anglais. L’apprentissage en ligne n’est pas nécessairement prioritaire dans l’accroissement de l’offre ou dans l’amélioration de l’accès. L’apprentissage assisté par la technologie, souvent sous forme de cours hybrides, devient le choix privilégié de plusieurs établissements.