Soumis le 13 juillet 2016
L’occasion d’innover
Les programmes d’apprentissage à distance sont offerts depuis longtemps à la School of Education de l’University of Iceland. Cependant, très peu de cours d’éducation à distance étaient disponibles pour les étudiantes et étudiants dans les autres programmes de l’université. La seule exception était les cours d’islandais en ligne, c’est-à-dire sept cours de langue qui ont été donnés continuellement depuis 2004 à l’intention des apprenantes et apprenants du monde entier.
En 2012, le Président de l’University of Iceland (UI) a créé un groupe de travail afin de scruter le nouveau phénomène des cours en ligne largement ouverts (MOOC), leurs fournisseurs, leurs modèles pédagogiques, leurs nombres d’étudiantes et étudiants, ainsi que de recommander des stratégies pour l’université en matière d’apprentissage en ligne et mixte.
Toutefois, le groupe de travail a soulevé une préoccupation majeure : en effet, les étudiantes et étudiants voulaient remplacer les MOOC par des cours enseignés en islandais à l’université. Par conséquent, les recommandations finales faites par le groupe de travail incluent l’élaboration d’autres MOOC centrés sur l’islandais ainsi qu’une exploration en vue d’intégrer des MOOC d’autres sources dans les cours de l’UI.
L’innovation
Sólveig Jakobsdóttir Ph.D. faisait partie de ce groupe de travail. De plus, elle s’est jointe ensuite au groupe de projet des professeurs qui ont intégré les MOOC dans leurs cours. Et en marge du projet pilote en 2013, deux étudiants dans son cours par problème sur l’éducation à distance à la School of Education se sont inscrits à un MOOC puis ils en ont fait l’analyse en tant qu’un de leurs travaux de cours.
Par la suite, la professeure Jakobsdóttir a intégré en 2014 et en 2016 la participation à un MOOC et une analyse critique de ce dernier dans son cours en face-à-face du deuxième cycle universitaire sur l’éducation à distance. Ce travail de cours valait deux et demi (2½) crédits (ECTS)[1] sur 10.
En 2014 de plus, 13 de ses 17 étudiantes et étudiants ont suivi le même MOOC portant sur l’apprentissage en ligne et mixte dans l’éducation élémentaire et secondaire, alors que les autres ont choisi de suivre des cours sur la citoyenneté numérique, comment les virus causent des maladies, la ludification et l’introduction aux finances par l’intermédiaire de Coursera en tant que le fournisseur le plus commun. Puis en 2016, ses 23 étudiantes et étudiants ont opté pour une plus grande variété de MOOC; sept d’entre eux ont participé à Teaching with Moodle (enseigner avec Moodle) à partir de Moodle.org, alors que les 16 autres ont suivi chacun un MOOC différent offert par Coursera, edX, FutureLearn ou d’autres fournisseurs.
L’implication dans les MOOC s’est déroulée sur période de six semaines, et les étudiantes et étudiants n’étaient pas tenus d’achever leur MOOC. Des groupes d’étude ont été établis pour encourager la discussion et la collaboration, ainsi que pour procurer un soutien durant l’expérience de la participation à un MOOC étranger donné en anglais. Les membres des groupes d’étude se rencontraient principalement en ligne.
Dans leurs rapports finaux, les étudiantes et étudiants décrivent le MOOC et analysent sa structure pédagogique et l’utilisation de la technologie. Ils considèrent aussi son implication, tant pour les étudiantes et étudiants et le personnel enseignantes éventuel ainsi que pour l’université.
Trois étudiantes et étudiants du cours en 2016, Grímur Bjarnasson, Kristinn Gunnarsson et Dóra Dӧgg Makdissi Kristófersdóttir, ont entrepris une évaluation de la participation étudiante aux MOOC. Ils ont posé des questions au sujet de l’utilité, des avantages et inconvénients, de l’expérience et de l’intérêt continu envers les MOOC. Pour la cohorte de 2016, des questions supplémentaires sur le fournisseur, la pédagogie et la technologie avaient été ajoutées à la recherche. Un taux de réponse de 77 % a été obtenu dans la cohorte de 2014. Quant au groupe de 2016, son taux de réponse préliminaire se situe à 57 %.
Les résultats et les avantages
Les conclusions clés de la recherche sur l’expérience de la participation à un MOOC incluent :
- 81 % des individus croyaient que suivre un MOOC a été bénéfique pour eux en tant que nouveau moyen d’apprendre et de fournir des idées pour la pratique actuelle et future de l’enseignement;
- 85 % des individus pensaient qu’ils s’inscriraient probablement à des MOOC à l’avenir – en fait, 54 % parmi le groupe de 2014 et 42 % de celui de 2016 se sont inscrits au moins à un autre MOOC en anglais;
- les MOOC en islandais étaient aussi très intéressants pour eux – 70 % des individus voulaient qu’ils soient utilisés par les étudiantes et étudiants, 54 % pensaient qu’ils aimeraient enseigner un MOOC et 36 % désiraient s’impliquer dans leur conception.
Les étudiantes et étudiants ont trouvé que les MOOC eux-mêmes étaient accessibles, conviviaux, flexibles et abordables (ou gratuits), et qu’ils offraient un contenu et des cours magistraux brefs de qualité pour convenir à leurs besoins.
Or, les étudiantes et étudiants ont élargi leurs habiletés critiques en analysant le contenu et l’approche du MOOC qu’ils ont suivi – un nouveau moyen d’appliquer ce qu’ils ont appris dans la littérature pédagogique.
Durant leur expérience avec les MOOC, les étudiantes et étudiants sont devenus conscients des sources dont ils auront besoin pour leur perfectionnement professionnel continu après avoir obtenu leur diplôme. La professeure Jakobsdóttir soutient cela en les dirigeant vers les ressources recommandées.
Une fois intégrés à des cours à l’UI, les MOOC provenant d’autres pays offrent des possibilités d’élargir le contenu et les perspectives pour les étudiantes et étudiants islandais.
Les défis et les améliorations
La recherche révèle que certains des MOOC choisis par les étudiantes et étudiants n’étaient pas d’un niveau de deuxième cycle universitaire et que leur contenu trop basique offrait simplement un « apprentissage de perroquet ». À l’avenir, le niveau approprié des MOOC aptes à être choisis par les étudiantes et étudiants aux fins de les analyser sera pris en considération pour des applications futures.
En outre, la charge de travail variait considérablement et pourrait avoir été trop petite pour certains des étudiantes et étudiants par rapport au nombre de crédits accordés.
De leur côté, les étudiantes et étudiants ont exprimé les critiques suivantes : les MOOC auxquels ils ont participé étaient impersonnels et axés sur le personnel enseignant, les méthodes d’apprentissage étaient répétitives et, souvent, l’évaluation non systématique consistait plutôt en un simple éloge insignifiant. Sans surprise, le contenu était focalisé largement sur les États-Unis, mais étonnamment le contenu n’était pas parfois actualisé dans les cours offerts en 2016.
Le potentiel
Les enjeux du contexte linguistique et national continuent d’être importants, alors que le potentiel des MOOC pour le perfectionnement professionnel est aussi largement reconnu. Un MOOC islandais de 2015, élaboré en tant que formation hybride avec quatre heures de présence sur le campus, a attiré plus de 300 enseignantes et enseignants (de 6 à 7 % du personnel enseignant de l’élémentaire et du secondaire) à un cours d’un an sur les technologies de l’information et des communications (TIC) dans l’éducation. Un rapport de recherche rédigé par la professeure Jakobsdóttir sur les MOOC en Islande suggère que « les MOOC axés sur de plus petites régions linguistiques pourraient devenir extrêmement importants et atteindre un pourcentage élevé des groupes cibles impliqués, bien que la participation ne soit pas à une échelle massive. Donc, de tels MOOC pourraient alors s’appeler simplement OOC. »
Pour plus d’information
Sólveig Jakobsdóttir Ph.D.
Professeure agrégée
Éducation à distance
Faculté de formation des enseignants
School of Education
University of Iceland
Jakobsdóttir, S. (2016). « (M)OOCs in Iceland: Language and learning communities », dans D. Jansen et L. Konings (dir.), MOOCs in Europe: Overview of papers representing a collective European response on MOOCs as presented during the HOME conference in Rome November 2015, EADTU, Maastricht, Pays-Bas, (p. 14-18). Récupéré à : http://home.eadtu.eu/news/110-publication-moocs-in-europe-available.
[1] European Credit Transfer and Accumulation System (Système européen de transfert et d’accumulation de crédits)