L’occasion d’innover
Un comité consultatif du programme à la Haileybury School of Mines du Northern College (NCHSM), situé sur les rives du lac Témiscaminge, voulaient élargir les possibilités offertes à ses diplômées et diplômés du programme MET : Technicien(ne) en génie minier. Il désirait particulièrement de leur donner l’occasion de poursuivre leurs études pour obtenir un grade universitaire dans leur domaine. Le collège, qui offre déjà la prestation en ligne de son programme MET depuis dix ans, a donc abordé le Queen’s University à Kingston pour lui proposer une collaboration.
Dans son programme menant à un grade, le Robert M. Buchan Department of Mining de la Queen’s University a un historique d’expériences positives avec les diplômées et les diplômés de la Haileybury School of Mines. En conséquence, ses représentants étaient ouverts à la proposition du Northern College et ont assisté à une réunion à Timmins avec la direction du collège, la maire de Timmins et des membres de l’industrie minière pour discuter des options au sujet de la prestation d’un nouveau programme. Quand la direction de Queen’s s’est rendu compte que le marché étudiant éventuel pour un tel programme s’étendait au-delà des seuls diplômées et diplômés du MET de Northern et que sa prestation en ligne pourrait susciter un grand attrait, les éléments de base du nouveau programme se sont mis en place. Finalement, les représentants de Queen’s et de Northern ont signé en 2012 un protocole d’entente en vue de collaborer à un programme de baccalauréat de technologie en génie minier – Bachelor of Mining Engineering Technology Degree.
L’innovation
Depuis plus de 100 ans, le Northern College et la Queen’s University fournissent des services d’enseignement pour former les individus œuvrant dans l’industrie minière. Ensemble, ces deux établissements d’enseignement ont conçu un programme menant au baccalauréat de technologie en génie minier (BTech), qui permet aux étudiantes et étudiants de poursuivre leur éducation d’une façon moderne.
Produit grâce à cette collaboration, le programme BTech est ouvert aux diplômées et diplômés du programme de technologie d’ingénierie ou du programme de technicien(ne) en génie minier de tout collège de l’Ontario, à condition qu’ils gardent une moyenne de 75 %. Son curriculum est conçu afin de répondre aux besoins non seulement de l’industrie minière, mais aussi des diplômées et diplômés collégiaux de technologue en génie minier qui veulent accélérer leurs carrières et leur éducation. Axé sur l’apprentissage actif, l’apprentissage coopératif et les interactions entre le professeur et ses étudiantes et étudiants, le programme propose une combinaison de divers éléments : vidéos construits dans un but précis, tutoriels, webinaires, travaux de cours en équipe, projets de groupe et étude collaborative.
La troisième et la quatrième années du programme BTech comportent des stages sur le terrain en face-à-face de deux semaines à Kingston et à Timmins. Pendant ces stages, les étudiantes et les étudiants apprennent l’acquisition et l’interprétation de données, développent leurs compétences grâce à l’usage d’équipement et d’outils modernes, effectuent du travail en groupe et rédigent des rapports. Et en tout temps, l’accent y est mis sur la santé et la sécurité au travail.
Avant d’entreprendre le programme, les étudiantes et les étudiants travaillent avec le personnel de coordination du programme pour élaborer un plan d’apprentissage individuel, y compris les vérifications périodiques et la capacité d’ajuster leur charge de cours le cas échéant. Ensuite, une plateforme d’apprentissage intégrée de Desire2Learn, appelée Brightspace, permet aux étudiantes et étudiants d’interagir avec leurs camarades de classe, d’accéder aux ressources des cours et de recevoir des rétroactions du personnel de formation s’ils le désirent. Tout au long du programme, les apprenantes et les apprenants ont accès à un soutien 24 heures par jour.
Les étudiantes et les étudiants se connectent par vidéoconférence avec leurs camarades de classe dans le segment en ligne du programme BTech.
En utilisant des outils, des logiciels et des technologies de pointe pendant les stages sur le terrain de deux semaines dans la troisième et la quatrième années du programme BTech, les étudiantes et les étudiants peuvent acquérir une expérience pratique.
Les résultats et les avantages
David Yokom, gestionnaire de programme dans la Faculty of Engineering and Applied Science (faculté d’ingénierie et sciences appliqués) de la Queen’s University, déclare que le programme BTech a été planifié afin de procurer à l’industrie minière canadienne « un nouveau genre de professionnels en exploitation minière ». À cette fin, des cours axés sur le marché ont été conçus par une équipe composée de spécialistes en ingénierie, en éducation et en apprentissage numérique qui ont été guidés par les conseils de leaders du secteur minier. Ces cours visent à permettre aux étudiantes et étudiants de développer des compétences techniques, commerciales et de pérennité pour stimuler l’avancement de leur carrière et le succès des entreprises.
« Nous offrons à des technologues ayant une éducation collégiale des connaissances pratiques additionnelles avec des outils et des technologies de pointe qu’ils peuvent mettre en pratique afin de résoudre des problèmes de l’industrie minière moderne pour leurs employeurs », dit David Yokom, avec des résultats incluant l’amélioration de l’efficacité, la réduction des coûts et l’automatisation de systèmes. « En collaborant avec le secteur d’activité pour élaborer les cours, nous garantissons que notre curriculum est moderne et pertinent. Le principal auteur de certains cours a été l’industrie alors que, pour d’autres cours, des acteurs de ce secteur ont été consultés pour avoir des rétroactions sur les cours.
Le programme BTech peut offrir un avantage supplémentaire aux individus, qui cherchent à continuer leurs études. Les diplômées et diplômés, qui ont gardé une moyenne de 75 % à travers le déroulement du programme donné par un collège admissible, reçoivent un groupe de crédits de transfert pour les deux premières années du programme BTech. Ils s’inscrivent à un curriculum personnalisé, qui est conçu pour rafraîchir les connaissances fondamentales dans les sciences de base et de combler l’écart entre les études collégiales et universités. Après avoir comblé cet écart, les étudiantes et les étudiants entreprennent la troisième et la quatrième années du programme qui sont offertes en ligne; cela donne la flexibilité d’étudier à temps plein ou à temps partiel de partout dans le monde avec une connexion Internet. Ultimement, les étudiantes et les étudiants diplômés obtiennent un grade de baccalauréat, qui les habilite à poursuivre leur éducation (maîtrise, doctorat, MBA) ou de faire progresser leur carrière dans leur secteur d’activité.
Les défis et les améliorations
Les créateurs des cours ont prévu un des défis quant à leur programme BTech : une démographie étudiante comprenant largement de jeunes professionnels qui ont des carrières à temps plein et, souvent, des responsabilités familiales. Pour ces étudiantes et étudiants de l’éducation permanente, la perspective de s’installer sur un campus et de s’engager dans des études à temps plein leur semble impossible. À cela s’ajoutent les horaires de travail dans l’industrie minière, qui obligent souvent les professionnels de se déplacer vers des endroits éloignés pour quelques semaines. Puisque le contenu de tous les cours du programme est disponible en ligne, ces apprenantes et apprenants peuvent continuer à travailler sans souci des restrictions de lieu ou de mobilité. Ils peuvent ainsi poursuivre leurs études avec un rythme et un horaire flexibles, et prendre le temps nécessaire pour achever le programme.
D’après Éric Tremblay, gestionnaire du développement et de l’apprentissage en ligne dans la Faculty of Engineering and Applied Science (FEAS) de la Queen’s University, le plus important défi jusqu’ici est toutefois de maintenir un calendrier d’élaboration du curriculum durable. « L’élaboration et la prestation des cours traditionnels sont effectuées par l’expert en la matière (EM), dit-il. Mais la majorité de ces experts ont l’habitude du modèle conventionnel de prestation résidentielle dans des salles de classe ou des amphithéâtres. Donc, ils peuvent être mal préparés pour l’élaboration, la création et la prestation du matériel enrichi diversifié des cours en ligne qui est axé sur les apprenantes et les apprenants et doit se conformer aux normes d’accessibilité. »
La FEAS de la Queen’s University a décidé d’engager des experts en matière d’éducation en ligne et a assemblé des équipes multidisciplinaires d’élaboration de cours qui sont spécialisées en conception pédagogique, en technologie multimédia et en gestion de projet. Ces équipes ont travaillé avec les experts en la matière pour situer le contenu des cours dans le domaine en ligne. Ils ont aussi adopté une approche échelonnée d’élaboration de cours, qui s’étend typiquement sur huit mois environ : la première étape a cerné les résultats d’apprentissage du cours et le schéma d’évaluation; la deuxième étape a précisé une semaine complète d’un cours de douze semaines (présentations vidéo, travaux, tutoriels, etc.); la troisième étape a précisé les autres onze semaines; et la quatrième étape a inclus la révision du contenu par le personnel technique et non technique pour s’assurer qu’il satisfait aux normes.
Gérer la charge de travail des équipes d’élaboration des cours est un défi courant selon David Yokom, qui explique : « À mesure que nous devenons beaucoup plus compétents pour créer des artéfacts d’apprentissage pour les cours, la qualité du curriculum s’accroit. L’amélioration des cours nous oblige à trouver l’équilibre entre notre désir de créer un produit de qualité supérieure d’une part et, de l’autre part, les restrictions de l’échéancier requises pour que le contenu soit prêt à temps. »
Les améliorations des cours décrites par David Yokom sont entre autres :
- la vidéo construite dans un but précis, comme une vidéo 360 degrés enregistrée par un globe de caméras permettant aux étudiantes et étudiants de se déplacer virtuellement à l’intérieur d’un lieu (p. ex., explorer un atelier mécanique à partir de leur ordinateur) ou des vidéos d’examen objectif démontrant comment mettre en pratique la théorie apprise pour des utilisations pratiques réelles;
- la technologie Lightboard est essentiellement un grand tableau de verre transparent à travers lequel l’instructrice ou l’instructeur du cours est enregistré quand il écrit sur le tableau et parle pendant qu’il apparait avec ses écrits sur les écrans des étudiantes et étudiants comme dans un cours magistral traditionnel;
- les logiciels de simulation permettent aux étudiantes et étudiants de visualiser la matière (p. ex., des gisements ou des designs d’équipement lourd mobile en 3D).
Le potentiel
Selon David Yokom, c’est grâce au potentiel du programme BTech de mettre à niveau les connaissances du vivier actuel de compétences au sein de l’industrie minière qui attire vraiment les inscriptions. « Lorsqu’un collège ou une université insère une nouvelle programmation dans une discipline établie, dit-il, cela tend à entraîner un accroissement du nombre de diplômées et diplômés qui s’intègrent à la main-d’œuvre dans ce champ d’activité. Toutefois, le programme BTech met à niveau directement l’éducation et l’expérience des technologues en génie minier chevronnés en plus d’ajouter de jeunes diplômées et diplômés aux effectifs. »
Un tel processus peut-il être reproduit? « Absolument, dit Éric Tremblay. Nous observons déjà que d’autres disciplines que l’exploitation minière fournissent l’éducation en ligne ici à Queen’s. Or, nous avons aussi entrepris d’élaborer le contenu en ligne pour d’autres programmes d’ingénierie. Et nous sommes convaincus que cela n’est encore que la pointe de l’iceberg. »
David Yokom croit que l’éducation en ligne « n’a pas de limite ». De plus, il affirme que « chaque secteur d’activité doit relever le défi de maintenir le niveau de formation de sa main-d’œuvre. Le compromis habituel se situe quelque part entre une recrue, connaissant les meilleurs outils et technologies de pointe mais n’ayant aucune expérience, et un employé chevronné, possédant une riche expérience mais une éducation remontant à 30 ans. Grâce à la création d’un programme en ligne, l’établissement d’enseignement habilite le secteur d’activité à parfaire la formation de tout individu qui doit ou désire tenir à jour ses connaissances. Notre programme mène à un grade universitaire, mais les applications de l’éducation en ligne s’étendent aussi jusqu’au perfectionnement professionnel et à l’éducation permanente. Si les ingénieurs sont tenus de suivre une forme quelconque de perfectionnement professionnel ou d’éducation permanente (une question considérée actuellement par l’Ordre des ingénieurs de l'Ontario), alors l’éducation en ligne constitue une façon appropriée de répondre à ce besoin. »
Pour plus d’information
Aaron R. Klooster
Doyen associé, School of Trades and Technology
Northern College of Applied Arts and Technology
[email protected]
David Yokom
Gestionnaire de programme, Faculty of Engineering and Applied Science
Queen’s University
[email protected]